18 Février 2021
Au début des années 30, une rumeur monte des dancings, les jeunes apprécient et réclament des arrangements adaptés aux danses nouvelles, comme le Lindy Hop (danse ainsi nommée en hommage à Charles Lindbergh qui a traversé l'Atlantique d'un saut en 1927 à bord de son Spirit of St. Louis), qui font fureur. Alors, dans tous les les cabarets et clubs des Etats-Unis, les orchestres dont les musiciens tirés à quatre épingles , alignés derrière leurs pupitres, exécutent une musique enjouée aux arrangements millimétrés, pour les danseurs : le swing vient de naître. Le swing est avant tout un feeling impossible à retranscrire sur partition, c'est une manière de sentir la musique. Les parents n'aiment pas beaucoup voir leurs enfants se trémousser comme des sauvages, sur cette musique qu'ils ne comprennent pas, mais que la jeunesse veut, elle le vit.
En quelques mois, des centaines d'orchestres le jouent partout dans le pays. Paul Whiteman se couronne roi du jazz, et roi il l'est au moins commercialement avec ce jazz très sweet, très doux, de plus en plus populaire et que les bourgeois achètent volontiers. La période est faste et illustrée par d'autres big bands "blancs" comme celui de Benny Goodman, Glenn Miller, Gene Krupa mais également les orchestres "noirs" tels ceux de Chick Webb, Jimmy Lunceford. Ces formations qui peuvent compter jusqu'à 20 musiciens deviendront très à la mode à Hollywood et débarqueront bientôt en Europe. Les solistes et leurs improvisations prennent de plus en plus d'importance au sein de ces grandes formations. C'est le cas, par exemple, du saxophoniste américain Lester Young qui fut engagé des années 1936 à 1940 dans l'orchestre de jazz de Count Basie. Cela offrit à cet artiste le meilleur tremplin qui soit pour pouvoir développer son art et sa carrière. Les orchestres jouent également des compositions originales de leur chef d'orchestre et de certains de leurs musiciens, comme par exemple, "Take The A Train" de Billy Strayhom à l'époque où il travaillait avec Duke Ellington. Ils interprètent aussi de nombreux thèmes populaires de l'époque comme "All Of Me", ainsi que ceux puisés dans les comédies musicales dont les compositeurs sont entre autres Cole Porter, Richards Rogers ou Georges Gershwin.
Les chansons à succès du moment fournissent au jazz et aux chanteurs crooners comme Frank Sinatra, beaucoup de très belles mélodies comme "Everything happens to me" ou "Angel Eyes" du compositeur et chef d'orchestre Matt Denis. Un autre créateur de chansons populaires, Alec Wilder composera pour plusieurs comédies musicales, des opéras, des musiques de films et des thèmes comme "Moon and Sand" (1941) ou "I'll Be Around" (1942). C'est à peine quelques années plus tard en 1944, qu'un autre très célèbre crooner, Nat King Cole, commence sa carrière en interprétant "Besame Mucho". Ce thème deviendra rapidement un succès international et sera repris ensuite par d'innombrables autres musiciens de jazz.